APEC Meudon

Association des Parents d'Elèves du Conservatoire Marcel Dupré de Meudon



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Jacques Bézie, professeur de trombone au conservatoire de Meudon, chef de l'harmonie Sèvres-Meudon.


Parlez-nous de votre environnement musical.
Je suis né il y a 58 ans à Dinan dans les Côtes d’Armor, dans une famille baignée par la musique. Papa, artisan mécanicien, enseignait aussi le trombone et la contrebasse et dirigeait l’harmonie municipale. Maman était, elle, professeur à l’école municipale de musique de Dinan en solfège, violon et alto. Les quatre enfants ont tous fait de la musique et ont tous débuté à Dinan.
Mon frère a fait des études de violoncelle, piano et trombone ; il joue à Rennes à l’opéra et dans l’harmonie municipale, et est adjoint au chef de musique. Mes deux sœurs font aussi de la musique : Paule a étudié le piano, le violon et l’alto et joue en orchestre, notamment avec l’orchestre universitaire de Rennes. Françoise, Madame Gouinguené à l’état civil, est bien connue du conservatoire de Meudon, où elle a enseigné le solfège. Elle a joué dans de nombreux orchestres parisiens, notamment les concerts Lamoureux, à l’étranger aux Etats-Unis et dans l’orchestre du conservatoire en tant qu’altiste.
Pour ma part, j’ai étudié le piano et le violoncelle pendant une dizaine d’années et commencé le trombone en même temps à l’école municipale de musique de Dinan puis au conservatoire de Rennes. Très rapidement je suis devenu élève au conservatoire de Meudon (année 72/73) dans la classe de trombone de Jean Douay qui était, par ailleurs, trombone solo à l’Orchestre National de France. J’ai fait également de la contrebasse au conservatoire de Meudon dans la classe de Monsieur Hélouin. Ayant pratiqué le violoncelle, j’avais des facilités.
Marié avec une percussionniste professeur de musique, je n’allais pas « changer de répertoire »... nous avons eu deux enfants qui ont fait aussi de la musique, l’un du violoncelle, l’autre du violon. Mais aucun des deux n’a souhaité en faire profession.
Pourquoi le trombone ?
Le choix du trombone n’a pas été immédiat, mais je suppose que papa et mon frère ont eu une certaine influence sur le choix de cet instrument. De plus c’est un des instruments typiques de l’harmonie, et, là aussi, je suppose qu'il y a un certain atavisme familial.
Quel est le répertoire du trombone ?
Le répertoire du trombone est assez vaste. Avec la forme définitive de l’instrument vers la fin du XVème siècle, on peut l’entendre entre autres dans les grandes sonneries de Gabrieli, Scheidt ou Schutz. Léopold Mozart, Wagenseil ou Albrechtsberger ont composé des concertos pour trombone alto. Dans l’orchestre, W.A. Mozart l’emploie notamment dans ses opéras (Don Giovanni, la Flûte Enchantée) et dans des messes (Requiem, Messe de l’orphelinat). Beethoven l'emploie dans ses symphonies (la Pastorale et la 9ème), sans oublier les Equales pour 4 trombones. Haydn en fait usage dans la Création. Au XIXème siècle, on utilise plus le trombone en pupitre : Berlioz dans son Te Deum, sa Symphonie Fantastique et en solo dans la Symphonie funèbre et triomphale, Wagner dans ses opéras. Fin XIXème, Rimsky-Korsakov compose un concerto pour trombone et harmonie ; Franck et Saint-Saëns le mettent en valeur respectivement dans la Symphonie en Ré mineur et la 3ème Symphonie avec orgue.
Avec le début du XXème siècle et le développement du jazz, le trombone est de plus en plus utilisé, notamment en improvisation ou en chorus. Parmi les compositeurs classiques, nous trouvons Ravel avec le Boléro, ainsi que Bernstein ou Stravinsky (l’Oiseau de Feu). De nombreuses pièces pour trombone et piano voire pour trombone et orchestre ont été écrites à l’occasion des concours du Conservatoire Supérieur ; voici quelques compositeurs : Dieppo, Guilmant, Stojowski, Ropartz, Bigot, Dutilleux, Boutry, Saint-Saëns, Milhaud, Tomasi, Bério, Castérède, Delerue, de Meij, Naulais, Defaye... Le trombone est mis en valeur aussi dans la musique de variété, comme dans Black Trombone de Gainsbourg ou Nougayork de Nougaro.
Quelles sont vos activités musicales hors du conservatoire ?
Je fais partie de l’Orchestre d’Harmonie de la Police Nationale. Cette formation professionnelle participe à des cérémonies officielles comme les sorties d'école de gardiens de la paix, d’officiers et de commissaires, et naturellement à toutes les cérémonies liées au Ministère de l’Intérieur. Cet orchestre, qui ne doit pas être confondu avec l’Orchestre d’Harmonie de la Garde Républicaine qui a un répertoire très voisin, donne également de nombreux concerts sur tout le territoire et à l’étranger. L’orchestre a un partenariat avec l’Education Nationale sur l’académie de Versailles, ce qui permet un contact avec de jeunes élèves de différents établissements scolaires.
Il m’arrive d’être appelé en renfort dans diverses phalanges parisiennes, notamment l’Orchestre de l’Opéra de Massy et les Concerts Colonne.
Et au conservatoire de Meudon ?
Mes activités se répartissent ainsi :
  • enseignement du solfège dans les petits niveaux au début de mes fonctions à Meudon, je n'assure plus cet enseignement ;
  • petits ensembles à vent qui permettent aux élèves de commencer très tôt l’apprentissage de la musique en groupe ;
  • professeur de trombone au conservatoire. La classe de mon prédécesseur Monsieur Douay s’est naturellement éteinte, faute d’élèves inscrits. Par la volonté du directeur M. Zambon, la classe a été réouverte il y a deux ans. J’ai actuellement cinq élèves ;
  • direction d’une harmonie pour des élèves ayant trois ou quatre ans de pratique d’instrument. Cet ensemble compte une trentaine d’élèves ;
  • harmonie des premiers niveaux et harmonie des grands qui regroupe les élèves de Sèvres et de Meudon ainsi que des musiciens amateurs qui sont toujours les bienvenus.
Je vois une continuité familiale dans cette dernière activité. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Monsieur Zambon, directeur du conservatoire, a proposé aux pouvoirs publics de créer une harmonie ouverte aux grands élèves du conservatoire et aux adultes extérieurs retraités ou actifs. Cette harmonie a été créée avec le conservatoire de Sèvres il y a deux ans. Elle comprend une cinquantaine de musiciens dont une dizaine d’adultes.
Le fonctionnement très équilibré entre les deux villes prévoit une semaine sur deux une répétition séparée dans chacune des deux villes, alternant avec une répétition commune à Sèvres ou Meudon une fois sur deux. Le directeur du conservatoire de Sèvres, M. Toreilles, qui est aussi trompettiste, assure les répétitions à Sèvres, je fais de même à Meudon. Cette harmonie fonctionne très bien, ce qui n’est pas toujours évident quand on rassemble des publics différents. Les adultes intéressés peuvent donc s’y inscrire en prenant contact avec le secrétariat du conservatoire de Meudon. Cette harmonie a donné un concert le 7 décembre 2014 au CAC de Meudon qui était plein, et le 15 avril 2015 au SEL de Sèvres. Le prochain concert aura lieu le 21 juin 2015 au Potager du Dauphin.
Quelle est la composition d’une harmonie ? Qu’y joue-t-on ?
Un orchestre d’harmonie complet comprend toute la famille des instruments à vent (bois et cuivres), des percussions et 2 ou 3 contrebasses à cordes. Tous ces instruments ne sont pas représentés dans l’harmonie de Meudon-Sèvres, en particulier les instruments les plus graves sont rares : tubas, euphoniums et contrebasses. Le répertoire doit être adapté.
C’est d’ailleurs ce même principe d’adaptation qui a longtemps été à l'origine du répertoire des orchestres d’harmonie. Jusque récemment, ce répertoire traditionnel était constitué de transcriptions de pièces pour orchestre symphonique souvent réalisées par les chefs de musique militaire professionnelle ; le répertoire de transcription classique est donc très riche. Depuis le XXème siècle, les harmonies sont passées des kiosques des jardins publics aux salles de concert, et les compositeurs se sont intéressés à ces formations de tailles diverses, du petit ensemble à vent de quelques musiciens aux ensembles pouvant comporter plus de 80 exécutants ; le répertoire est immense, je ne citerai que quelques compositeurs : Gossec, Méhul, Kœchlin, Saint-Saëns, Rimski-Korsakov, Schmitt, Holst, Grainger, Boutry, Calmel, Doss, Iwai, Dondeyne, de Meij, Deleruyelle...
Un mot pour conclure ?
La pratique musicale collective est un enrichissement et, à titre personnel, j'ai toujours fait de la musique d'ensemble. La création récente de cette harmonie inter-conservatoires élargie à des musiciens extérieurs me comble et l'orchestre ne demande qu’à s’ouvrir encore plus. Venez nombreux !!!

Propos recueillis par Catherine et Gérard Polge (2015).