APEC Meudon

Association des Parents d'Elèves du Conservatoire Marcel Dupré de Meudon



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David Zambon, directeur du conservatoire Marcel Dupré de Meudon.


Quand avez-vous décidé de devenir musicien professionnel ?
Je suis issu d’une famille de musiciens, mon père étant tuba solo à l’Orchestre Philharmonique de Nice et professeur de ce même instrument au conservatoire de Nice. J’ai commencé le piano assez tôt puis, à 14 ans, je me suis orienté vers le tuba sans que mon père n’y soit très favorable, le rôle partagé d’enseignant et de père n’étant pas des plus faciles… Après mon bac scientifique, il m’a fallu choisir entre une classe préparatoire aux grandes écoles, ce qui signifiait le quasi-arrêt de mon instrument, et la fac. J’ai donc choisi la fac qui me permettait de continuer la pratique intensive de la musique, bien conscient que l’université et le conservatoire n’étaient pas séparés de plus de cinq cents mètres. Au bout de deux ans, en 1994, j’ai intégré le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, et donc arrêté la fac.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le tuba et la vie d’un tubiste ?
Au début des années 70, le tuba n’était pas l’instrument le plus glorieux. Il était perçu un peu comme l’alto et la contrebasse qui étaient souvent joués par les élèves en difficulté dans les instruments plus prestigieux que constituaient le violon et le violoncelle. A vrai dire, la classe de tuba du Conservatoire Supérieur a été en France partagée avec le trombone basse pendant très longtemps. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et d’excellents tubistes ont émergé ; à l’instar de Bernard Cazauran, ex-contrebasse solo à l’Orchestre de Paris, ils ont insufflé un vent nouveau au répertoire. C’est un répertoire jeune, le premier concerto pour tuba ayant été composé par Ralph Vaughan Williams en 1954, mais il attire les compositeurs les plus inattendus : l’un des plus connus est celui de John Williams, compositeur célèbre pour ses musiques de film avec, entre autres, celles d’E.T., de la Guerre des Etoiles ou encore la Liste de Schindler.
Quant à la vie d’un tubiste, je crois qu’elle est très différente d’une personne à l’autre. La richesse des écoles, françaises et étrangères, et la plus grande facilité de déplacement des étudiants font qu’il n’y a plus vraiment de parcours-type. Dans mon cas, après sept années d’études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSM), mon Certificat d’Aptitude de tuba en poche, j’ai intégré divers orchestres (un intérim au Capitole de Toulouse puis le Teatro Lirico di Cagliari et le BBC Ulster Orchestra) mais j’ai rapidement senti que cette vie d’orchestre n’était pas celle qui me convenait, surtout lorsque la famille s’agrandit.
Parallèlement, j’ai passé et gagné plusieurs Prix internationaux, ce qui a réellement lancé ma carrière et m’a permis de jouer en soliste, d’interpréter les grands concertos du répertoire, d’enregistrer plusieurs disques et surtout de rencontrer des personnalités musicales, interprètes, musiciens et critiques, hors norme.
Quels défis avez-vous dû relever en tant que directeur de conservatoire ?
J’ai commencé ma carrière de directeur de conservatoire à Epinay-sur-Seine où je suis resté un peu plus de quatre ans. J’y ai fait mes premières armes en tant que directeur et y ai véritablement appris mon métier. J’ai dû apprendre à traiter nombre de problèmes administratifs, à régler toutes sortes de conflits relationnels, à mettre en place un projet pédagogique avec le corps professoral ou encore à faire adhérer à celui-ci parents et élèves.
J’aime construire, organiser, apprendre et développer une entité, donner un sens aux choses. Cela m’aide à me réaliser, et, en un sens, j’ai été éduqué comme cela, à la fois par mes parents et par mes études générales. Quand le projet que je dessine n’évolue plus, et parce que je ne conçois pas de m’installer dans une routine, je préfère laisser ma place, je ne me sens plus être « l’homme de la situation ». C’est ainsi que j’ai postulé pour le conservatoire de Meudon, qui me semblait être dans ma vie professionnelle l’étape suivante.
Quels sont vos projets pour le conservatoire de Meudon ?
A mon arrivée à Meudon j’ai trouvé une situation pédagogique excellente avec une très bonne équipe de professeurs recrutée par mon prédécesseur Christian Gouinguené. Je n’ai eu qu’à œuvrer dans la continuité sans bouleverser la pédagogie existante, mais en essayant de rationaliser certaines disciplines. Par contre, l’équipe administrative a été renouvelée entièrement. Le travail s’est porté depuis trois ans sur la mise en place de nouvelles procédures et sur une meilleure communication aux usagers afin d’améliorer notre mission de service public. Je pense pouvoir dire que les relations entre les professeurs sont excellentes et l’état d’esprit est des meilleurs. Le développement du conservatoire se fait en concertation avec eux, et l’équipe administrative se met, malgré sa petite taille, au service de leur pédagogie. Depuis mon arrivée, on peut déjà constater un certain nombre de faits :
  • amélioration des formalités d’inscription avec mise en place d’un dossier explicatif le plus clair possible, téléchargeable sur le site de la ville ou celui de GPSO;
  • information pratique des familles par mail ;
  • mise en place de nouvelles classes d’instrument (cor, trombone, saxo, batterie), mais aussi renforcement de certaines classes (alto, guitare, danse classique, danse contemporaine…) ;
  • création d’un orchestre d’harmonie avec le conservatoire de Sèvres, ouvert aux pratiquants extérieurs. Cette formation donnera son premier concert au CAC le 8 décembre prochain ;
  • achat d’instruments (huit pianos droits, un piano à queue, 3 hautbois, 3 bassons, 2 contrebasses, une flûte en sol, une batterie entière…), et amélioration des locaux (toilettes et salles de formation musicales refaites à neuf, salle de formation musicale supplémentaire au Potager du dauphin, sols du conservatoire entièrement refaits, façade mise en jardin…) ;
  • augmentation considérable du nombre d’élèves dans les cours de danse avec près de cent dix élèves ;
  • mise à jour du règlement intérieur et création d’un nouveau règlement des études, ceux-ci étant approuvés en conseil communautaire ;
  • journée portes ouvertes pour permettre aux élèves sans instrument et à leurs parents de découvrir l’ensemble des disciplines instrumentales dispensées au conservatoire et de rencontrer les professeurs en vue de leur orientation ;
  • mise en place d’un projet d’élargissement des disciplines vocales ;
  • enfin, le projet d’établissement, sorte de feuille de route qui définit pour les cinq prochaines années les orientations pédagogiques, structurelles et artistiques votées par les élus, notamment sur le développement des actions sur Meudon-la-Forêt qui reste un sujet de réflexion majeur et la création de certaines disciplines ancrées dans le patrimoine culturel et historique de la ville.
Qu’attendez-vous des élèves du conservatoire ?
Le conservatoire accueille à ce jour sept cents enfants. Il est normal qu’un travail suivi soit réclamé auprès des élèves d’une part du fait de l’engagement de l’ensemble du corps professoral, d’autre part au vu des dépenses publiques engagées pour chaque élève, le coût des inscriptions ne couvrant qu’une faible partie des frais de scolarité. Ce travail ne peut se faire sans l’étroite complicité des parents. Ils sont un maillon essentiel dans la réussite des élèves que nous plaçons au centre de notre projet pédagogique. Mais plus que tout, je souhaite qu’ils prennent du plaisir et que cette rigueur que l’on demande soit pour eux la clé d’une vie artistique longue et pleine de satisfactions, avec, au bout du compte, la simple et grande joie de pratiquer son art.
J’espère que parents et élèves ont passé de bonnes vacances et que, durant cette période, leur instrument n’a pas été trop oublié, afin que la reprise des cours se fasse dans les meilleures conditions.

Propos recueillis par Catherine et Gérard Polge (2013).